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loraison

23 octobre 2012

Je ne sais comment débuter cette envie...Ou

Je ne sais comment débuter cette envie...Ou besoin. L'idée m'est clairement venue en lisant les " Affranchis ", que j'avais découvert grâce à Annie Ernaux. En effet, il y a plus d'un an maintenant j'ai été tellement fascinée, séduite par les écrits de la dame, qu'il m'a alors fallu tout me procurer d'elle. Je suis donc tombée sur sa lettre à sa soeur qu'elle n'a jamais connue. L'idée à la base est venue de la ou les lettres de Franz Kafka écrite(s) à son père que l'on a découverte(s) dans son bureau lorsqu'il est mort. Une lettre à un cher disparu. J'ai de suite pensé à Pèpère. Evidemment Tristan s'est imposé à moi, mais sa disparition est une plaie ouverte pour moi, lui écrire aujourd'hui ne ferait qu'accentuer mon mal-être, je me le défends donc. Non, Pèpère, est la personne à qui j'ai envie d'écrire, de parler.

Tu as été la première personne que j'ai perdue, et Dieu sait que la suite est longue, douloureuse. J'ai pris conscience à ta disparition que la Mort existait, que l'on pouvait perdre un être cher, et ne plus le voir du jour au lendemain, je n'avais que huit ans et l'idée m'a de suite révulsée. J'ai appris ton décès de façon abominable; c'était un samedi après-midi, tonton Marc et Rolande sont arrivés, Marc a ouvert brusquement la porte d'entrée, en voyant mon père s'est précipité sur lui, l'a frappé au visage, et a dit à Maman :

- Ton père est mort et j'm'en fous ! Puis il est reparti vite je crois, autant cette phrase est d'une netteté totale, autant la suite est floue dans ma tête, je ne garde que des brides d'images, Maman pleurant très fort, mon père s'enfuyant le nez en sang, moi apeurée, qui suis allée me réfugier sur le balcon, ne portant en tout et pour tout qu'un gilet en laine beige et une petite culotte, je tremblais de peur, d'émotion, de froid malgré que nous étions au mois de juillet...Je n'ai aucun souvenir des heures d'après, du lendemain, et des jours qui ont suivi. Tu as été enterré au cimetière de Saint-Barthélemy d'Anjou sans moi. Nous avons demandé à Maman où tu étais, et vaguement elle a répondu au Ciel. Je ne crois pas que cette réponse m'ait sied, mais nous n'avions pas le droit de poser de questions, puis la peine de ma mère devait aussi me pousser à la retenue. Je suis une adulte à présent, je sais qu'il est difficile d'expliquer à un enfant la Mort, le deuil, mais je sais aussi que laisser un enfant dans le flou, l'expectative est bien pire encore.

Donc, notre histoire commune s'arrête donc à mes huit ans. Sur le papier. Tu n'es jamais mort pour moi, ton enveloppe charnelle a bel et bien disparue oui, et ça même môme je la'i compris, mais ton esprit, ton regard devaient perdurés en moi. A jamais. Je ne t'ai jamais consideré comme un héros, l'homme sans défauts, idéal etc... Mais tu as toujours été une image réferente. Nombre de mes faits et gestes où je me suis demandé ce que tu en penserais, si tu approuverais, si tu détesterais l'idée, les chemins où je me suis empêtrée, auraient-ils été moins boueux si tu avais été là ? Je t'ai souvent appelé, prié, crié, comme une espèce de dieu, mais tu as fait la sourde oreille. Juste mais impittoyable. C'est une des images que j'ai de toi, la plus récurrente surement.

Parfois je me demande si Mémère a commencé à s´epanouir en tant que femme lorsque tu es parti ou si c'est moi intéressée justement parce que tu n'étais plus là...À son tour elle m'est vite devenu indispensable durant toutes ces années, j'étais tellement fière d'elle, ce qu´elle était , ce qu'elle représentait ; l'image de la femme que je voulais devenir : douce, élégante, active... Depuis ces dix dernières années le mythe s'est brisé. Alzheimer est venu détruire l'image, l'amour que je croyais irréfragable pour ma grand-mère...Elle aussi tu l'as abandonnée une seconde fois. Et pourtant votre amour m'a souvent fait rêver, fantasmer, votre fuite en avant alors que vous n'étiez encore que des enfants m'a rendu fière de vous, plus jeune je vous ai enviés plus d'une fois d'avoir par amour tout lâcher contre vents et marées.

je reviens d'un séjour en Tunisie, quelle déception ! Bref, là n'est pas le sujet, donc lors de ce voyage, par je ne sais plus quel biais, nous avons été amenés à parler de Brel, ma fascination pour cet homme, son charisme, et m'est revenu mon premier souvenir avec lui, nous étions chez vous, Pépère j' ai en mémoire l'ecran de Tv Jacques Brel en noir et blanc, chantant, en sueur, se donnant à fond pour sa chanson, l'émotion que j'ai ressenti à ce moment là...NOus faisions une partie de petits chevaux avec toi, Mémère, moi et peut-être LYnda, je ne me souviens plus bien...BRef, tout ça pour dire que lorsque j'ai découvert cet homme qui allait influencer ma vie, ma culture musicale, et peut-être bien le choix des hommes de ma vie, tu étais là....Et cela ne s'oublie pas.

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